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2016 Conques - Moissac jusqu'à Vaylats....

De Conques à Moissac

En 2015, les travaux de la maison ont eu raison de notre budget et de nos jours congés. Pas de belles vacances... Nous étions pourtant bien enthousiastes, les pieds vrombrissants prêts à  partir. Cette année 2016, c'est la bonne : nous partons malgré quelques soucis de voiture juste avant de partir, ce qui a bien entamé le budget vacances.

Nous ferons Conques jusqu'à Moissac soit 213 kms. Grande question : où allons nous garer la voiture ?

Ce sera Moissac en raison d'un parking gardé dans un camping municipal. J'ai lu sur internet qu'il y avait un train de Moissac vers Saint Christophe puis un autocar vers Conques. L'office du tourisme nous indique qu'il faut partir de Moissac jusqu'à Saint Christophe puis prendre le bus scolaire à 16h30 précises pour aller jusqu'à Conques. C'est parfait... Mais sur place, c'est une autre histoire. Sur les réservations SNCF en billeterie automatique, il y a plusieurs Saint Christophe. Lequel est le bon ?

Avec gentillesse, l'agent de la gare de Moissac nous indique qu'il faut prendre le train de 8h50 vers Toulouse pour arriver à temps pour prendre l'autocar. Mais comme il est 9h15, c'est râpé foutu pour aujourd'hui.

Tant pis, nous essayons auprès des taxis et navettes de pèlerins. Les prix allaient, pour nous deux, entre 160 et 250 euros. Ils flairent le client en détresse et les prix montent. Bref, trop cher pour le budget vacances. Ce sera donc départ demain mercredi.

Nouvel appel à l'office du tourisme : c'est bien 16h30 l'autocar de Saint Christophe ?

- Té peuchère, il n'y a plus de bus à Saint christophe !!! Vous pouvez prendre le bus de Rodez vers Conques à 16h40 du lundi au vendredi...

- Ben voilà autre chose....

Décision finale : on prend le train demain 8h50 jusqu'à Rodez puis le bus : coût 73 euros pour 2 heureux. Le billet est acheté et on attend demain mercredi. En attendant, on visite Moissac et son superbe cloître, sa belle abbaye, son jardin coupé en deux au 19ème siècle pour laisser le passage de la voie ferrée. Le reste est beau quand même...

Nous dormons sous notre tente de camping. Demain il faudra se lever tôt pour déjeuner, plier la tente, ranger dans la voiture, aller jusqu'à la gare... Une belle nuit pleine de rêves.
 

Mercredi matin : départ de Moissac... en train

Nous sommes fin prêts, tente pliée, voiture garée, le sac à dos dans le dos, les chaussures aux pieds et nous sommes à la gare, billets compostés pour Compostelle. Il est 8h40, le train arrive dans 10 minutes, tout va bien. Le train est dans les temps, nous montons et nous voilà partis vers Toulouse. Toulouse où nous avons 1h30 d'attente pour prendre la correspondance vers Rodez. Nous arrivons dans la ville rose : il fait beau et chaud. Nous décidons de faire un petit kilomètre à pieds pour aller visiter l'église Saint-Sernin. Nous en revenons ravis vers la gare et là, grosse question : mais que font tous ces gens devant notre gare ? Il y a un bel attroupement, avec police et pompiers. Nous posons quelques questions aux policiers en cordon : vous ne pouvez pas rentrer dans la gare, il y a une alerte à la bombe. Le tensiomètre constate une augmentation de la pression artérielle au-delà de la normale. Qu'allons-nous faire ? Si nous ne prenons pas le train, nous risquons de rater le bus... Une dame de la sécurité nous renseigne :

- pour les TER, vous pouvez passer sur le côté...

Quelle chance ce TER !  Et effectivement, il n'y a pas de problème, nous avons le droit d'emprunter le passage souterrain et nous voilà sur le quai d'où va partir notre train pour Rodez. Nous l'avons échappé belle. Le voyage se poursuit tranquillement jusqu'à Rodez.

Nous sortons de la Gare sous un soleil aussi radieux que nos sourires, il est 13h30. Nous cherchons la gare routière, elle est sur notre gauche. Nous avons 3h00 devant nous. Nonchalamment, nous parcourons du regard tous les menus des destinations de la gare routière et là, enfin, direction Conques, tout au fin fond de l'espace réservé aux bus. L'horaire... 16h40 sauf le mercredi.... Quel jour sommes nous ? Mercredi.... hé m...e ! C'est un bus scolaire et le mercredi il n'y a pas d'école donc pas de bus. Nous ne sommes qu'à 40 kilomètres de Conques, il est 14h00 que fait-on hormis paniquer ? Un taxi : inabordable. Il reste l'appel à un ami.  

- Allo l'office du tourisme ? Que peut-on faire à partir de Rodez pour aller à Conques ?

- Il faut prendre le train jusqu'à Saint Christophe et après vous pouvez prendre un taxi. Au revoir. 

Donc,  on demande au guichet SNCF le prochain train pour Saint christophe

- Vous avez de la chance, il y en a un dans 10 minutes à 14h20.

PAS DE PANIQUE ! Juste le temps d'acheter les tickets, de trouver le bon quai, de courrir dans les tunnels de la gare... Où est le train ? Pas bien difficile : il n'y a qu'un train à quai mais faut pas se tromper de destination...

Nous sautons dans le train et nous voilà partis pour Saint-Christophe. Il était moins cinq à 14h20... 

Dans le train, nous nous demandons comment organiser la suite. Marcher ? Il restera 21 km soit 5h00 de marche et nous devons être au gite avant 18h00. Nous appelons une société de taxi pour lui demander de nous conduire de Saint-Christophe à Conques : 45 € seulement, nous dit on. Question subsidiaire de la société : dans combien de temps doit-on venir vous chercher à Saint Christophe ?

Bonne question et je vous remercie de l'avoir posée. Il faut combien de temps pour un train pour faire 21,234 km sachant que c'est une loco diesel, qu'il y a un vent contre de 10km/h et que le chauffeur n'est peut être pas pressé ? Un certain temps... Notre réponse :

- Ne vous inquiétez pas, on vous confirme tout ça quand on sera arrivé.... Bref je vous rappelle.

Chemin ferroviaire faisant, on se dit qu'il y a peut-être d'autres solutions que de dépenser 45€. Et si on faisait du stop ? Avec nos gros sacs ? Et avec la contrainte de nous faire enregistrer au gîte de l'abbaye Sainte Foy avant 18h. On peut essayer. Nous sommes à Saint-Christophe, il est 15h, nous voilà partis à pied jusqu'à la route départementale et on commence le stop. Au bout de 3 minutes, une petite voiture s'arrête avec deux jeunes filles :

- Allez-vous à Conques ?

- Non, nous allons à Decazeville.

- Pouvez-vous nous déposer au carrefour à 5 km d'ici, il y a une bifurcation vers Conques ?

- OK, pas de problème, casez-vous à l'arrière.

Et nous voilà parti avec nos gros sac sur les genoux dans une toute petite voiture genre 205. Les demoiselles nous déposent gentiment au carrefour Conques-Decazeville. Nous les aurions embrassées.

Nous avons gagné 5 kms. Plus que 16...

Forts de cette belle expérience, sans trop de conviction, nous relevons les pouces... Et 2 minutes plus tard, une autre petite voiture (une Golf) s'arrête : une jeune femme avec un enfant sur un réhausseur.

- Allez vous à Conques ?

- Non, je vais à Saint Cyprien. Je peux vous y déposer. C'est à huit kilomètres de Conques. 

- ça marche, même si c'est en voiture...

Nous arrivons à Saint-Cyprien à 15h50. Nous ferons les 8 derniers kilomètres en pleine chaleur et à pieds avec, pour finir, la célèbre montée vers l'abbaye très très dure avec cette chaleur. Nous arrivons, il est 17h50. Tout a été calculé à la minute près sur cette aventure.

Dernière surprise de cette journée. Lorsque j'avais réservé, il n'y avait plus de chambre pour 2 personnes et j'avais pris un dortoir de 14 personnes au grand désespoir de Chrislaine qui se méfie des dortoirs suite à une précédente aventure. Nous arrivons à l'accueil ; je demande à tout hasard s'il reste quand même une chambre pour 2 personnes au cas où il y aurait eu un désistement. La dame de l'accueil me dit que non mais elle me dit aussi qu'il y a 15 personnes qui ont demandé un dortoir de 14 personnes. Du coup, elle est obligée d'ouvrir un dortoir supplémentaire de 15 personnes pour y mettre une seule personne.

- Je peux vous mettre avec cette personne, de toute façon le dortoir est ouvert...

Je ne sais pas si on peut rêver mieux... Chrislaine se retrouve dans une immense chambre avec 14 lits pour 3 personnes. Elle a pu dormir la fenêtre grande ouverte avec quelqu'un qui n'a pas ronflé. C'est quand même extraordinaire toutes ces coïncidences sur ce chemin... On dit : "aide-toi, le ciel t'aidera". Mais là je trouve que ce début de chemin est un tapis de velours. Un enchaînement de coïncidences extraordinaires, d'aides généreuses. C'est le chemin des étoiles...

Une journée pleine de rebondissements et qui se termine magistralement bien. Nous sommes bien chanceux... Plus chanceux que le couple qui mange le soir en face de nous à cette table d'hôte bien garnie (merci les cuisiniers de l'abbaye Sainte Foy !). La dame a l'air bien triste : ils étaient partis de Conques et, au bout de 3 jours, elle a eu un problème de pied, elle ne peut plus marcher. Les voilà revenus dépités, leur projet abandonné. Ça peut arriver à tout le monde.

Au soir, le père Jean Daniel nous explique le contenu du fronton de l'abbaye Sainte-Foy avec une verve amusante qui ravis les curieux amassés sur cette petite place.

La nuit est sereine. Vivement demain !

Etape 1 : CONQUES- DECAZEVILLE

Nous voilà prêts, un solide petit déjeuner au corps, et c'est parti.. direction la boulangerie pour un peu de ravitaillement pour le repas du midi. En sortant, nous faisons la joie d'une paparazzie japonaise avec son appareil photo qui nous immortalise, clic, clic, clic, moi en train de ranger la baguette de pain dans la poche extérieure du sac à dos de Chrislaine : c'est tellement typique ! Puis voici la belle descente de Conques vers le petit pont de pierre qui enjambe le Dourdou.

Et après, le chemin remonte vraiment raide mais c'est le matin, la première journée, il fait frais à l'ombre des arbres, la progression est joyeuse. On passe par la petite chapelle Sainte Foy avec une petite cloche. La tradition veut que chaque personne qui passe fasse retentir la cloche pour témoigner de son passage. La personnalité de chacun s'exprime : un petit coup vite fait, une suite retentissante de ding-dong. Nous regardons le magnifique paysage qui s'étale devant nos yeux, avec juste en face : Conques accrochée à flanc de colline baignée par le doux soleil du matin. Nous méditons sur la beauté du monde. Décidément, en résonnant, cette cloche nous a fait raisonner. Mais la plus grande joie du moment, c'est de faire une petite pause durant cette dure grimpette.

La météo est clémente. Il devrait faire très chaud mais un vent frais de montagne nous accompagne tout au long de route. Le temps d'un petit pique-nique, nous repartons l'après-midi et voici la descente vers Decazeville. A chaque pas en descente, la température monte et ça devient vite irrespirable : nous sommes dans une vallée encaissée où la chaleur est étouffante. On a l'impression de rentrer dans un four. Heureusement, le premier gîte est en vue : les Volets Bleus. Le patron est très sympathique, plutôt pince-sans-rire. Il nous raconte l'histoire de sa ville autrefois florissante, qui vivait du charbon et de la sidérurgie. Aujourd'hui, les mines sont fermées et, mine de rien, les jeunes partent vers les grandes villes, les touristes boudent cette contrée sans point d'accès autoroutiers, sans particularité touristique : une cuvette d'air chaud... Une ville de 15.000 habitants pour 6.000 âmes aujourd'hui. Cette histoire nous rappelle celle de Nouvion dans le Tournai-Reims. C'est à pied que l'on comprend le désarroi de nos régions face au progrès inhumain.

Nous décidons de visiter le musée minéralogique car nous sommes des passionnés de cette science de la terre. Le musée est à l'autre bout de la ville : il faut se dépêcher avant la fermeture à 18H00. Il faudrait arriver idéalement avant 17H00. Nous arrivons presqu'en courant à 16H55 devant une porte close avec un petit mot laconique : "Fermeture exceptionnelle à 16H00 aujourd'hui pour cause de réunion". Je ne vais pas leur jeter la pierre, ils en ont déjà assez comme ça, mais c'est rageant quand même : juste le jour où nous pouvons visiter !

 Nous ferons donc quelques courses dans un magasin bio : fruits, et notamment un jus de myrtille qui une fois dilué dans l'eau de la gourde nous donnera une excellente boisson le long du chemin du lendemain. Nous passons devant une belle lampe de mineur géante posée sur le monument aux morts, en hommage aux mineurs et aux morts pour la patrie.

De retour au gîte, nous rencontrons Jackie, Jacques, Jean-jacques, Marie, des randonneurs au fort accent du midi qui font aussi le chemin. Leur amitié est enthousiaste et communicative. Ils nous indiquent leur prochain gîte car nous n'avons pas encore réservé pour demain soir car mes adresses de gîtes sont toutes périmées.

C'est l'heure du premier massage de pieds à l'huile d'arnica. Chrislaine est ravie d'être massée. Moi, je prends mon pied... pour me masser moi-même. Il faut dire que je suis très chatouilleux de la voute plantaire quand ce n'est pas moi qui masse !

Nous dînons un excellent chou farci. La nuit sera un peu difficile car il fait encore assez lourd et des chiens aboient longtemps dans le lointain vers 3h du matin.

Etape 2 : DECAZEVILLE - SEYRIGNAC

Nous repartons avec une petite ondée juste pour mouiller nos impers, histoire de dire de ne pas les avoir emportés pour rien. Nous passons par le petit village de Livinhac-Le-Haut avec les marcheurs du midi rencontrés la veille. Nous apercevons une boulangerie. Nous achetons le repas du midi : un excellent petit feuilleté jambon fromage qui ira très bien avec nos tomates fraîches et un pain à l'anis qui se révélera être trop dur sous nos dents pourtant affamées.

Nous apprenons la nouvelle du Brexit avec tristesse. Ah ces anglais ! Mais cela n'entame pas la joie de marcher tous ensemble.

Dans la matinée, nous perdons le groupe, nous regardons souvent derrière nous pour les voir mais sans succès. Il y a 2 itinéraires possibles. Peut être ont ils pris l'autre ? Nous les retrouverons le soir.

Le fameux GR6 change souvent de tracé et comporte une multitude de variantes. On nous explique (à tort ou à raison) que les maires et autorités font pression pour que le chemin passe par tel ou tel lieu suivant les intérêts civils (ou familiaux) qu'ils défendent. Que voulez vous, les randonneurs sont aussi des consommateurs. Par exemple, avant, le chemin ne passait pas par Decazeville, il y avait un raccourci pour Livinhac-Le-Haut, mais la cité en détresse demande des touristes. De toute façon, notre plaisir, c'est de marcher et de trouver un gîte au soir. Alors, faire quelques kilomètres de plus pour faire vivre une cité, nous ne sommes pas à ça près... On nous dit aussi qu'un maire a demandé le passage par Noaillac car c'était l'ancien passage et en plus, un membre de sa famille y tient un commerce... Mais tout ça, ce  sont des "on dit", j'espère que nos maires sont plus républicains.

Sur le chemin, nous rencontrons un agriculteur qui nous attend en haut d'une montée et entame la conversation. Il semble intarrissable mais ça nous fait une pause. Mais la pause dure un peu trop longtemps... Comment dire qu'il faut que nous partions ? C'est encore le matin, il faut que nous avancions le plus possible avant le repas de midi qui nous alourdit. Nous sommes sauvés car un nouveau randonneur arrive à notre niveau et prend le relais de la conversation. Nous repartons discrètement en le laissant aux mains (ou plutôt à la langue bien pendue) de notre brave paysan.

Il est déjà 13H et toujours pas d'aire de pique-nique trouvée : pas de quoi s'assoir correctement. Et enfin là, un banc offert par le gîte qui est juste en face. Nous en profitons pour déballer le repas sur le banc, nos sacs sur le banc pour éviter de les poser au sol où ils pourraient récupérer des punaises de lit. Petite parenthèse : beaucoup de gîtes souffrent de la présence des punaises de lits colportées par les sacs à dos et les chaussures, tout ce qui est en contact avec le sol puis posé sur les lits ou dans la maison présente un risque. Donc on fait gaffe !. Fin de parenthèse. Début du repas. Quelques randonneurs passent en enviant visiblement notre statut de randonneurs assis. Nous proposons de partager le petit bout du bout du banc mais ils partent en bougonnant. La faim doit les rendre un peu agressifs.

Le soir, nous arrivons à Seyrignac. Où est le gîte ? Vers Lunan ? il y a bien une indication publicitaire punaisée à un poteau mais ce n'est pas très clair. Nous appelons le gîte à 2 reprises, nous ne le trouvons pas.

- Vous êtes où ? demande le patron du gîte.

- Vers Lunan

- Ce n'est pas par là. Vous avez encore un kilomètre. Je viens vous chercher en voiture.

C'est bien sympa. Les jambes commencent à fatiguer et les pas inutiles sont difficiles. Nous retrouvons le groupe d'amis du midi toujours aussi joyeux. Ils sont 6 et ont 2 voitures, 5 seulement marchent. La sixième personne emmène les sacs de gîte en gîte et reconduit l'un des marcheurs le soir au gîte précédent pour récupérer la voiture et la ramener au nouveau gîte. Aujourd'hui, Jakie, ayant mal aux pieds, s'est fait transporter. C'est l'heure du massage de pieds. Il y a des envieux, je propose quelques services de massages, juste pour le bonheur : j'ai le plaisir de masser 3 paires de pieds...

Le gîte est très classe. Le propriétaire a tout refait dans sa maison, un très beau travail : c'est un charpentier. Juste un petit souci pour le lit double qui fait un peu cuvette et du coup on passe la nuit à faire de l'alpinisme pour regagner le bord du lit mais sinon, le rapport qualité prix est très bien. Le repas est très bon mais il n'y a pas de vin à table : l'eau est cachée dans des bouteilles de vin.  Certains font la remarque qu'un peu de vin serait bienvenu mais c'est en vain et la remarque tombe à l'eau. Tant pis, nous serons à l'eau car ce n'est pas l'habitude du propriétaire et de son épouse qui mangent d'ailleurs avec nous un excellent repas. Il nous dit que le propriétaire des Volets Bleus à Decazeville ne peut pas manger avec nous car il fait toujours du chou farci tous les jours : il ne doit pas avoir d'autre recette... Pas trop sympa de critiquer les concurrents, surtout qu'on y avait bien mangé.

En plus de l'eau au repas, le ciel nous en sert une louche de plus : en début de nuit un violent orage gronde à l'extérieur. Il peut pleuvoir, grêler, nous sommes au sec et parés au sommeil.

Etape 3 : SEYRIGNAC - GREALOU

Le matin, une vue magnifique s'offre à nos yeux : avec la forte pluie, un brouillard dense a envahi le paysage. Il se dissipera très vite.

Nous partons avec un peu de retard par rapport aux gens du midi. Nous les rattraperons presque mais un besoin urgent d'une pause technique nous arrête. Nous ne les reverrons plus jamais. Dommage leur joie d'être ensemble était communicative. Nous partons vers Figeac. Il y a un marché. Nous faisons les provisions pour le midi : de beaux abricots, des tomates, un morceau de fromage, un morceau de pain et c'est reparti... mais de quel côté ? Le passage par le marché nous a éloigné de l'itinéraire. Là une indication blanche et rouge ; ici, une croix donc pas par là... A priori il faut suivre la rivière. Mais au bout de 200 mètres, il n'y a toujours pas d'indication. Nous revenons sur nos pas. Nous demandons à une habitante.

- Le chemin passe en haut de cette colline mais vous pouvez le rattraper en longeant la rivère, juste après le pont vous allez retomber dessus.

Et nous repartons du côté d'où nous sommes revenus. Aller et revenir, c'est toujours marcher... Effectivement, le chemin est là à gauche après le pont. Nous nous faisons rattraper dans une petite côte par un couple qui échange un peu avec nous. Ils sont américains mais ont décidé de vivre en France. Leurs enfants vivent aussi en France. Ils aiment la France mais la politique sociale les déroute un peu. Ils sont plutôt racistes. Ils marchent plus vite que nous, nous les quittons.

Nous nous apercevons que les beaux abricots que nous avions pris dans un sachet à part, accroché au sac à dos, ce sont écrasés les uns sur les autres. Nous faisons une pause de compote d'abricots mangés à pleines mains.

Le midi nous faisons un arrêt déjeuner dans le joli village de Faycelles sur des bancs en compagnie d'un jeune couple qui font aussi ce chemin.

De temps à autre, il y a des cazelles. Ce sont des abris de berger ronds, en pierre ,. L'un d'entre eux est acccessible pour s'abriter en cas d'intempérie. Il y a une table, des chaises, un cahier, des stylos. Une belle intention du propriétaire qui a compris les besoins d'une personne qui marche qui a juste besoin d'un petit repos, une attention...

Nous arrivons au gîte. Un gîte écolo qui pourrait être bien mais... Il est moderne, toilettes sèches écologiques, tout est neuf... Il reçoit aussi des spéléologues plongeurs dans une autre partie du gîte.

- Comme vous n'êtes que 4 dans 2 chambres, nous n'ouvrons qu'une seule douche et un seul WC, nous dit-on.

Le hic, c'est que le matin, nous serons 6 (deux autres personnes arrivées tardivement) sur ce côté du gîte, sans compter les spéléos qui, en sur-capacité de l'autre côté, viendront squatter notre espace sanitaire. Ça a été juste quand même avec une douche et un WC. Quant au WC sec, bien qu'il ne soit pas cher en eau à l'usage, il n'y a rien pour nettoyer, et les quelques restes des usages précédents près du bord sont peu engageant... Comment nettoyer sans eau ? Pas terrible.

Mais revenons au soir de notre arrivée. Nous mangeons le soir avec 2 autres pélerins : un homme d'un certain âge avec sa fille de 26 ans. Elle voulait faire Compostelle mais pas seule, alors le retraité a été désigné volontaire. C'est un repas à l'eau. Nous prenons une carafe de vin pour 8 euros de plus. C'est cher mais après la fatigue d'une journée, un petit verre de vin nous rend une partie de l'énergie que l'on a dépensée dans la journée ("bonum vinum laetificat cor hominis" lit on dans la Bible Ecclésiastique XL 20 : le bon vin rejouit le coeur de l'homme,  suivi de "et plus encore l'amour de la sagesse"). L'eau, ça va très bien pour nous accompagner le long du chemin mais un repas sans vin, ça nous est un peu triste.

La nuit a été un peu bruyante sur le matin. Les spéléos ne font pas la différence entre le jour et la nuit, même en dehors de leurs grottes : ils parlent tard, ils se réveillent tôt...

Etape 4 : GREALOU - SAINT JEAN DE LAUR

Le matin, beaucoup de monde s'agite autour du petit déjeuner. Nous préparons nos affaires. A l'extérieur, une pancarte sous un robinet indique : eau pour les gourdes. Je remplis celle qui conserve le froid, j'y mets un peu de jus de citron (c'est plus agréable à boire), puis une autre plus simple et là, je m'aperçois que l'eau est vraiment tiédasse. Je rentre surpris. Le patron nous dit :

- C'est normal, il fait chaud dehors !

Il me prend pour une gourde. En fait, les canalisations sont au soleil. Moi, ce que je voulais, c'est de l'eau fraîche pour le chemin. Du coup, j'aperçois un frigo avec un bac à glaçons. J'en prends une dizaine pour remplir les gourdes et je pars mécontent du gîte. C'est rare, mais c'est le gîte le plus cher que nous avons eu. Pour l'accueil, les sanitaires limités, le bruit, la carafe de vin prohibitive ! D'un autre côté, il faut voir que la fatigue commence à se faire sentir et elle nous rend un peu agressifs parfois, il y a même un peu de tension dans le couple. Mais au bout de 37 ans de mariage, on en a vu d'autre... Il faut savoir mettre un peu d'eau dans son vin (quand on en a....).

--- Info 2018 : Lors d'une rencontre avec une personne qui est passée par le gîte en 2018, les prix se seraient un peu alignés, on est un peu mieux accueillis mais c'est toujours le bin's avec les spéléos. ---

Nous devons passer par Cajarc avant midi pour faire les courses mais on ne peut pas courrir pour autant. En route, le GPS indique un chemin sur la droite qui semble plus court Que fait-on ? Aller, on prend le raccourci. Aussi bien, le GR6 passait par là avant et ils l'ont dévié pour une raison quelconque. Un sentier reste un sentier. Nous suivons allègrement les indications du GPS. Ce qu'il n'a pas indiqué c'est qu'au bout de 500 mètres, il y a un fil de fer barbelé qui coupe le chemin. Que fait-on ? Vraiment pas envie de rebrousser chemin : on passe au dessus. D'ailleurs, on n'est pas les premiers. Encore un kilomètre de marche et c'est un capharnaüm de sentiers dans toutes les directions. Le GPS indique le sentier à gauche : c'est un ancien chemin. On le prend mais au bout d'un nouveau kilomètre, le chemin s'estompe peu à peu et nous voilà dans la broussaille. En fait, le GPS est très imprécis et nous a donné une indication farfelue. Maintenant, il indique un coup à gauche puis un coup à droite, il n'arrive pas à se stabiliser. On s'en souviendra du raccourci ! Au bout de bien des pas perdus dans les herbes hautes et les arbustes, on devine un chemin en contrebas et le GPS confirme que c'est le bon. Nous lui faisons une confiance relative mais nous n'avons que lui sous la main... Nous avons eu raison, c'est bien un chemin qui prend la bonne direction, nous voici en vue des premières maisons de Cajarc.

Nous dévalisons la charcuterie-traiteur du village en prenant un poulet cuit qui servira pour 2 repas, des salades de pommes de terre et autres plats satisfaisant notre gourmandise. Dans la boutique à côté, je repère une demie-bouteille de vin pour 3,50 euros. Il se révèlera bien meilleur de celui en carafe de la veille pour 8 euros... Hé oui, nous avons un peu de rancune...

L'office du tourisme est encore ouvert, nous en profitons pour demander une adresse de gîte pour le soir. La dame de l'office nous prête le "Miam-Miam-Dodo", LE livre emblématique de tous les pélerins de Compostelle, qui contient, comme son nom l'indique, toutes les attentes d'un randonneur standard. Le livre nous livre l'adresse d'un gîte : "Les Deux Pigeonniers". Nous réservons 2 places. La dame du gîte nous précise :

- Ne venez pas avant 17H00, nous ne serons pas disponibles avant. Vous mangez ?

- OK pour l'heure : il y a 2 heures de marche et il est 13h. Le temps de manger, de flâner un peu, ça devrait aller. Pour le repas, à priori non...

- Oh !

Je sens une petite déception dans la voix, du coup je me dis que nous pourrions rater une rencontre intéressante et puis, le reste du poulet pourrait faire le midi suivant puisque nous ne pourrons pas faire d'autres courses avant la prochaine étape.

- D'accord pour le repas.

Nous sommes donc à Cajarc (on ne prononce pas le "C" final), rendue célèbre par Coluche dans son Schmilblick (Coluche était né dans une ville juste à côté). C'est aussi la ville de naissance de Françoise Sagan et une résidence de Georges Pompidou. C'est aussi la ville de naissance d'une sainte dont la vie m'a beaucoup impressionné : Annette Pelras. Elle est entrée en religion peu avant la Révolution, se consacrant à la dévotion, la bonté et l'amour de Dieu. Elle fut condamnée et guillotinée pour ses idées, avec 16 autres soeurs pendant la Terreur par Fouquier Tinville. Réflexion du moment : l'horreur de mourir à 30 ans, plein d'amour par une injustice flagrante... D'un autre côté, l'horreur de la haine aveugle et inutile. Tuer des gens pour des idées ne sert à rien : de toute façon, 300 ans après, ils sont quand même tous morts et les idées survivent à tout. A mon retour, en écrivant ces lignes, je ne peux m'empêcher de faire le lien entre cette histoire et l'assassinat du père Jacques Hamel sous la violence terroriste.

Comme il est 13H, qu'il y a des chaises et une table ombragées dans la ville nous en profitons pour faire notre pique-nique, juste à côté d'une résidence du 4ème âge. Après un déjeuner pantagruélique, nous décidons de visiter la petite ville de Cajarc. Nous passons par la place de l'église. Il y a une fête de village à laquelle nous sommes conviés à partager le gâteau d'anniversaire du prêtre qui fête ses 10 ans de prêtrise à Cajarc. Une jolie fête. Nous repartons. La dame de l'office du tourisme nous avait dit que nous aurions une sacrée côte à la sortie de Cajarc. Eh bien, nous y sommes. Tout est réuni pour le plaisir : une montée bien raide, une chaleur étouffante, un bon repas encore sur l'estomac avec un copieux gâteau par dessus... Nous progressons lentement, faisant souvent des pauses sous les ombrages des quelques arbres suffisamment hauts. Nous arrivons à la hauteur d'une grotte naturelle à flanc de falaise. Une femme est là, elle ne répond pas à notre bonjour : c'est son droit. Elle est un peu bizarre, les yeux un peu hagards. Comme elle ne semble pas vouloir communiquer, nous la laissons à ses pensées. Nous visitons un peu la grotte pour avoir un peu de fraîcheur. Nous apercevons sur un côté, cachés par des rochers, quelques cartons pour faire un lit, un réchaud, une vieille casserole. On a compris : cette femme vit là, en ermite. Nous repartons rapidement pour ne pas la déranger. Tout en haut de la côte, nous rencontrons une autre femme seule avec un sac à dos et qui vient en sens inverse.

- Compostelle, c'est dans l'autre sens ! dis-je l'air goguenard.

- Je vais à Compostelle, je viens de Figeac

- Ben, nous aussi !

- Je vais à Cajarc où j'ai réservé un gîte.

- Nous, nous venons de Cajarc !

Il y a quelque chose qui cloche... Une mauvaise intuition nous assaille, nous commençons à pâlir. Que dit le GPS ? Il faut retourner à Cajarc. Non ! pas toute cette montée inutile !! Et si ! Cajarc est un point de rencontre entre l'itinéraire normal, l'itinéraire bis et la suite du chemin. Le GR 6 tourne autour de la ville, beaucoup de gens se trompent. Nous en faisons partie : nous avons pris l'itinéraire normal et on remonte l'itinéraire bis. Demi-tour droite et on redescend. La vue de Cajarc est très belle, ça valait le détour nous disons-nous juste pour se consoler... Un peu froissés, nous repassons à Cajarc (il faut le faire aurait dit Bourvil). Les ruelles, la place du village, la fête. Non, non, plus de gâteau. Juste de l'eau car nous avons fini nos réserves dans la montée... Nous demandons au prêtre :

- Cahors, c'est bien par là ?

- Oui, vous prenez cette rue, vous longez la rivière, vous allez trouver.

Nous faisons à peine 20 mètres, nous voyons 2 randonneurs sac au dos en sens inverse. Je demande :

- Vous venez d'où ?

- De Figeac pourquoi ?

Mais tout le monde vient de Figeac ici. Cajarc, c'est la place de Raymond Devos avec des sens interdits partout. On tourne en rond et on va devenir fou ! Vite, le GPS... Pourtant, c'est bien par là, au bout à droite. Nous nous engageons donc par là, pas très confiants. Au bout d'un moment, nous quittons les berges de la rivière, et ça monte raide. Ca devient dur. Nous montons, montons, montons, et ça n'en finit pas de monter, il fait chaud. La volonté d'arriver nous fait tenir, la beauté des sous bois nous fait oublier. Nous arrivons à l'entrée de Saint Jean de Laur vers 18H00. Il était temps : nous n'avons plus d'eau. Nous avons mangé nos derniers fruits pour se réhydrater. Soudain, un appel téléphonique.

- Ici Les Deux Pigeonniers, vous arrivez vers quelle heure ?

- Nous sommes à l'entrée du village. Nous avons fait quelques petits détours...

Nous arrivons dans un magnifique gîte, avec un accueil vraiment chaleureux. Le soir au repas, les propriétaires ont invité leurs voisins qui revenaient de nice et nous avons mangé à leur table, reçus comme des amis. Ca nous a beaucoup touché. Leurs voisins ont ramené une vieille bouteille de Cahors et ont partagé avec nous. C'est ça Compostelle, il y a des moments forts de générosités extraordinaires et ça, ça réchauffe la vie.

Je pense souvent à mon PDG qui gagne des fortunes, croissance à deux chiffres et qui ne donne pas de participation, pas d'intéressement, pas d'augmentation depuis 5 ans (et plus). Il mourra riche, avec le plus beau monument du cimetière mais il aura raté des rencontres dans sa vie.

Certains pensent que Compostelle devient commercial, les prix montent plus que les salaires, ça devient du business. C'est un peu vrai : ça attire quelques cupides mais ça reste pour beaucoup un dévouement et un partage. En moyenne, nous avons payé 33 euros par personne pour un repas du soir bien servi, un couchage et le petit déjeuner matinal, ce qui est très correct. Sauf le gîte écolo où la facture était de plus de 90 euros pour nous deux.

L'ombre de la pélerine en marche

Etape 5 : SAINT JEAN DE LAUR - VAYLATS

Nous partons le matin en remerciant chaudement les propriétaires pour leur accueil. Nous avons bien dormi mais la fatigue est bien présente lors de ce quatrième jour. Il faut passer cette journée, après, l'habitude vient et la fatigue se surmonte facilement : en un mot, le corps s'habitue.

Nous appelons le couvent de Vaylats pour le gîte du soir. Mais ils ne répondent pas. Dommage, passer une nuit dans un couvent, c'est quelque chose que l'on n'a pas l'occasion de faire souvent et en plus, c'est très calme. Ils nous rappellent quelques instants plus tard : ils n'avaient pas répondu car c'était l'heure des vêpres. Il y a de la place : c'est réservé.

Nous marchons seuls, personne pour nous tenir compagnie depuis 3 jours. Pourtant nous aimons bien parler. Chrislaine, pour passer le temps raconte toute l'histoire de l'île mystérieuse, s'attardant aux petits détails. Ce roman de Jules Vernes l'a beaucoup marqué dans son enfance. Alors, elle raconte, raconte, au point que, captivés par son récit, nous ratons une bifurcation du chemin : on fait demi-tour au bout de 100 mètres car on a continué tout droit dans un champ au lieu de tourner à droite. Peu importe, elle est intarrissable, elle parle pour oublier la fatigue, le chemin, sa douleur au bas du dos, ma petite douleur au pied droit, l'estomac qui commence à avoir faim....

On passe Limogne en Quercy presque sans s'en apercevoir. En s'arrêtant dans l'église, on aperçoit un nid habité dans l'entrée. La mère apporte à manger à sa nichée qui piaille. C'est mignon mais on se demande comment elle fait lorsque la porte est fermée.

Nous repartons vers Varaire, nous trouvons 2 bancs face à face. Excellent pour le pique-nique. Nous sommes arrivés plus vite qu'un groupe de 4 personnes qui regardaient le paysage mais qui devaient avoir envie de pique-niquer sur ces bancs. Ils mangeront moins confortablement sur une grande pierre plate. Ce n'est pas grave, eux, ils sont en voiture.

L'après-midi est difficile en plein cagnard, c'est dur de marcher. On fait des pauses boisson chaque fois qu'un arbre nous prête un peu de son ombre. Au bout d'un moment, une flèche indique : Couvent de Vaylats 1,3 km. Ca y est, on arrive. Je ne comprends toujours pas comment 1,3 km peuvent être aussi longs, à croire que le temps que l'on arrive, ils ont démonté le couvent et l'ont reconstruit encore plus loin. Ce fut interminable. Enfin nous arrivons, accueillis par 2 bénévoles très dévouées et vraiment très sympathiques.

Le soir, nous mangeons sur une table à part des soeurs. Les bénévoles de l'accueil nous expliquent que certaines sont des contemplatives et ne parlent pas ou très peu. Au micro, les bénévoles nous présentent aux religieuses puis nous passent le micro. Devant cet auditoire sémillant, nous ne savons pas trop quoi dire au pied levé... sur notre marche.

Tout va bien, à part ma petite douleur au pied qui devient un peu lancinante mais ne m'empèche pas de marcher. Ça ira mieux demain après une bonne nuit de repos.

Cependant, durant la nuit, la douleur fortifie, je sens les battements de mon coeur dans ce pied, au niveau de l'articulation du gros orteil, au point que je ne trouve plus le sommeil et souffre beaucoup.

Dernière étape : Vaylats - Moissac... 100 km en voiture

Le lendemain mon pied droit a doublé de volume. J'ai du mal à le poser à  terre. Il faut voir un médecin. La randonnée se termine brutalement.

Nous cherchons un moyen de rentrer vers Moissac. Les bénévoles se proposent gentiment. Ca m'embête bien mais je n'ai pas d'autre solution.

Nous leur donnerons un dédommagement pour leur frais. Mais avec le recul, je me dis que j'ai été un peu chiche. J'ai calculé grosses mailles comme pour moi. J'ai un moteur diésel et il me semble qu'elles avaient un  moteur essence, ça devait être un peu plus cher.

Le médecin de Moissac diagnostique rapidement une crise d'arthrite aigüe au pied, une crise de goutte, moi qui ne bois pas de bière. Il dit que ça peut arriver comme ça, faut pas chercher. D'autres personnes me parleront d'une fracture de fatigue. En fait, je pense que j'ai manqué d'eau. Il y a des moments où nous avons eu soif.

Chrislaine est déçue autant que moi, dépités, autant que le couple que nous avions croisé à Conques le premier soir.

La douleur m'aura tenue encore 15 jours, juste le temps de mes vacances, je serai en forme pour le boulot. Dommage. Vivement l'année prochaine.

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